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Viva la Libertà
12 octobre 2013

UNE FEMME AU PANTHEON ?

     Nous entendons, depuis plusieurs semaines, répéter à l'envi : "il faut que les femmes entrent enfin au Panthéon". Je me demande simplement, pourquoi ?

     Il est vrai que seulement deux femmes y sont présentes. La première, Sophie Berthelot, parce qu'elle "accompagne" son mari, les époux avaient précisé qu'ils ne voulaient pas être séparés, même dans la mort et la seconde, pour elle-même, la scientifique, double prix Nobel de physique, Marie Curie. Depuis, plus aucune femme n'est entrée au Panthéon. Evidemment, de nombreuses femmes auraient mérité d'entrer dans ce temple de la République, de la "patrie reconnaissante", mais est-ce vraiment la question ?

 Souvenons-nous de plusieurs éléments avant de décider d'une nouvelle entrée.

- D'abord, de très nombreux hommes présents sont totalement oubliés aujourd'hui. Napoléon I a choisi de nombreux maréchaux, par exemple... Et des hommes très importants pour notre "patrie" n'y sont pas entrés. La présence au Panthéon n'a donc qu'une signification relative.

- Ensuite, faire entrer quelqu'un au Panthéon longtemps après sa mort, après son inhumation dans un lieu généralement symbolique pour lui, c'est le retirer de ce lieu, c'est l'enlever à une ville, un village qui le commémorait, qui souvent a construit une partie de son intérêt touristique et culturel autour de lui. Je vous donne un exemple, la "panthéonisation" (mon dieu, que ce terme est laid !) d'Alexandre Dumas. Cet écrivain connu bien au-delà de nos frontières est né près de chez moi, à Villers-Cotterêts. J'ai même vécu et travaillé dans cette ville, c'est dire que je connais bien l'exemple que je vous soumets. Il n'est pas mort dans sa ville natale, mais il y a été inhumé, grâce à son fils (Alexandre, l'auteur de La dame au Camélia).  La ville a dû accepter de perdre sa "gloire locale", le sud du département a été amputé d'un des fleurons de sa route des écrivains (Dumas était en compagnie de Jean Racine à La Ferté-Milon, de Jean de La Fontaine à Château-Thierry et de Paul Claudel à Villeneuve sur Fère).

Villers-Cotterêts est une petite ville. Pour les journalistes parisiens, c'est même sans doute un gros village. Elle possède un château de la Renaissance en très mauvais état (l'édit de Villers-Cotterêts signé par François I qui rend le français obligatoire dans tous les textes publics et juridiques, ça vous dit quelque chose ?). Pourtant, elle n'a rien gagné en acceptant qu'on lui prenne Alexandre Dumas...

- Enfin, l'entrée au Panthéon est une consécration, une façon d'élever une personne au rang de héros. Et cette position n'est pas nécessairement en adéquation avec les idées, les convictions des personnes jugées dignes de cette glorieuse entrée. Si Jean-Paul Sartre put refuser le prix Nobel de littérature, un mort ne peut plus rien refuser, on peut le "récupérer"...

     Voilà les raisons pour lesquelles je suis toujours très réservée quand on parle d'une nouvelle entrée au Panthéon. Et quand il s'agit d'une idée aussi simpliste que "il n'y a pas assez de femmes", je me dis que quelque chose ne fonctionne pas. Plutôt que de faire entrer ici une femme, sans aucun doute digne de l'être, travaillons à ce que les femmes d'aujourd'hui puisse faire de vrais choix de vie, quel qu'il soit, que le sexisme devienne un mauvais souvenir... Je ne suis pas féministe, trouvant souvent les revendications des associations et autres "Chiennes de garde" un peu ridicules, mais je rêve encore d'une France, puis d'un monde, plus égalitaire. Faire entrer une femme au Panthéon (ou dans un gouvernement ou un conseil d'administration...) seulement parce que c'est une femme, ça n'est pas convaincant...

 

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